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                              100 km de Millau, la cinquantième…

 

 L'épreuve décrite comme le monument de l'ultra et plus particulièrement du 100 km a attirer mon attention et ma participation, il y a déjà de nombreuses années. 

 Ma première participation s'est faite sur la 38 ème édition.

 Ma performance s'est arrêtée ce jour-là, dans la descente menant à St Afrique vers le 73 ème km. 36 ème au scratch à ce moment, remontant les coureurs. Mon petit ongle de doigt de pied est rentré dans la chaire sur un impact de foulée. Après près d'une heure en soins, j'avais pu finir.

 La revanche sur la perf, devait sonner pour la 40 ème édition. Inscrit, j'ai eu malheureusement un gros accident en VTT qui a failli me voir paraplégique un peu plus de 3 mois avant.

 Malgré de mauvais soins le jour J. J'ai eu un TB suivi et durant ma convalescence, je me suis accroché follement à pouvoir avoir l'espoir de participer à cette édition.

 J'ai toujours été à la limite de ce qu'il pouvait être fait en m'adaptant constamment. Cette grosse épreuve m'a appris beaucoup sur les possibilités du corps et le mental.

 Finalement ma participation m'a emmené à franchir l'arche d'arrivée sous les 10h. Ce qui était inespéré peu de temps avant.

 C'est le pouvoir du mental et mon côté à conjurer le sort.

 Sur le trajet de retour, il est apparu clairement que je serais, quoi qu'il arrive, présent sur cette 50 ème édition, que j'apercevais déjà en édition de légende 11 ans après. Après deux éditions annulées, faute au covid, ma participation vient d'être validée pour retrouver la légende.

 L'épreuve étant passée course club au macadam 77, ce sera ses couleurs que je porterai en essayant d'emmener au mieux du partage. J'ai eu la chance d'avoir un mini bus de la mairie pour ce déplacement.

 À partir de là, le partage de bons moments a pu se faire.

 Finalement le minibus a servi au transport du vélo d'Éric qui a été mon suiveur officiel. Que c'est bien d'avoir le confort d'un suiveur qui peut porter mes affaires. D'autant qu'Éric est bien sympathique. Ne connait pas cet univers et lui fera une bonne expérience.

 Dans sa sacoche de guidon facilement accessible, j'y ai laissé une paire de chaussure, chaussettes, pommade NOK, lampe frontale, deux coupes vents et un tee-shirt. Rien à manger, ni à boire, car les ravitaillements sont complets et distants en général de 5 km.

 Un deuxième vélo, non programmé à fait son apparition dans le véhicule. Celui de Patrice, qui a du délaisser sa participation 100 km afin de ne prendre aucun risque de santé.

 Isabelle est présente pour nous accompagner.

Nous sommes également accompagner de Lisa qui va effectuer son premier marathon et de Pascal qui va faire le contraire, y effectuer son dernier marathon et sa dernière course.

C'est assez émouvant d'accompagner Pascal sur 3 jours pour ce moment. Lui, le performeur qui a fait mon admiration en arrivant au macadam et que j'ai pu côtoyer si longtemps.

Quand à Lisa, j'étais persuadée qu'elle allait vivre un grand moment dans sa vie sportive. Entourée par la grande famille des centbornards, du macadam et de ses parents venus pour l'occasion. Car le marathon et le 100 kms sont communs. Une boucle de 42 km qui emmène à l'arrivée dans le hall du parc de la Victoire à Millau et une seconde boucle qui mène à St Afrique, capitale du Roquefort, en aller-retour.

 À l'approche de Millau, on peut voir les montagnes, parfois abruptes au-dessus du Tarn, se dessiner. Et au détour d'un virage, apercevoir Le viaduc de Millau. Toujours aussi majestueux.

 J'avais oublié comme le paysage est si beau. On y aperçoit l'air d'envol des parapentes qui est le dernier point culminant avant la descente pour être finisher de la grande course de templiers. Elle peut être très très glissante par temps pluvieux.

 Au retrait dossard, nous retrouvons son arrivée dans ce Hall, en hauteur près du podium. Un tee-shirt sympa nous y attend. Mais avant nous avons le plaisir de retrouver Myriam, qui vient ici pour son deuxième 100 km de l'année. Toujours douce et discrète, ses participations m'impressionne de plus en plus. 

 Accompagner de Fabrice, notre spécialiste XL ultra, qui sera pour une fois, suiveur à vélo.

C'est un grand plaisir de les retrouver ici, comme à la 40 ème édition.

Et l'on a pu fêter ses retrouvailles autour d'un bon verre. 50 cl de bière pour ma part en prévision des calories consommées le lendemain.

Après une nuit pluvieuse au camping nous avons posé le mini bus près du Tarn afin que les suiveurs prennent leur vélo pour Aguessac.

 Fin de préparation dans le hall de la Victoire. Je laisse mon sac en consigne pour le retrouver, si nécessité, au marathon et à l'arrivée.

9h30, tout le monde est sur l'avenue de la Victoire dans Millau pour se rendre au départ réel.

Avec 2200 inscrits sur 100 km et près de 300 sur marathon, il y a beaucoup de monde. L'avenue est prise de long en large et l'on ne voit pas le bout. Les gens sont aux fenêtres et applaudissent. Il y a pleins de sourire. Finit le covid, c'est la vie et la fête pour cette édition qui ont repris. 

 Que s'est chouette de partager ce moment avec Myriam et Pascal. Mais aussi avec Isabelle et Lisa qui découvrent cette ambiance spécifique.

 Le départ vient d'être donné, mais avec le monde, je vais mettre un petit moment avant de pouvoir franchir la ligne de départ.

 Il ne faut pas s'enflammer, je double de nombreux coureurs tout de même. Je veille à mon souffle pour rester très facile et calme.

Devant moi je vois un coureur en nue pied ! Trop fort

Il y a quelques coureurs déguisés aussi, comme en Zorro, Superman ou bigoudène au départ. La moyenne d'âge est ici un peu plus élevée, car il faut beaucoup de pratique pour arriver à faire 100 km et la majorité ne doit pas être à leurs premiers. Le public est présent et applaudit.

 À la sortie de la ville, nous sommes sur une double voie. On voit bien au loin les nombreux coureurs au côté de la ligne de chemin de fer atypique avec ses Arches, qui serpentent sur ses beaux paysages baignés de lumière.

 Que c'est agréable d'être là.

 Je n'ai pas vu Boris et ne le verrai jamais. Mais j'ai eu de ses nouvelles par le biais de nos suiveurs respectifs, plus tard.

 J'espère que ça va bien pour Lisa et Pascal. Je suis persuadé qu'ils font course commune, tellement habitué du niveau de Pascal. Mais ce sera Lisa devant.

 Je suis content à l'idée qu'elle découvre tout cet environnement, cette ambiance et cette chaleur humaine. C'est top pour un premier marathon.

 Devant moi, je retrouve Jérôme, ancien équipier du VMA avec qui j'ai fait mes deux participations sur ce 100 km. Il fait ici sa quatrième participation. Il s'est admirablement préparé pour l'occasion et je suis assez étonné de le retrouver, d'autant qu'il m'annonce vouloir faire ici un podium.

 Je retrouve aussi Alain, des Kékés du bocage, club d'ultra. Nous avions fait un podium commun sur les 100 km du Loire béconnais et avions courus une partie ensemble. 

 Ce ne sera pas le cas, il restera derrière ici. C'était un plaisir de le retrouver. Il n'y a qu'ici pour cela !

 Je fais un ou deux kilomètre avec Jérôme, c'est très chouette d'être à ses côtés, mais avec mes trois entraînements contre une personne qui a fait deux cents kilomètres par semaine. Il n'y a pas photo. Nous sommes tous les deux des compétiteurs et l'idée de rester avec et de me mettre sur un faux rythme sans m'en apercevoir est grande.

 Je prétexte un arrêt pipi pour être dans la plénitude de mes sensations et de mon souffle. C'est important dans les débuts au vue de la distance. 

 Avant Aguessac, on commence à voir quelques cyclistes sur le bas-côté de la route qui se sont avancés par rapport à leurs marques. Mais plus loin ce sera des kilomètres de vélo. Du moins l'impression que ça m'a donné.

 Les numéros pairs correspondant au dossard de leur coureur à droite. Les impairs à gauche.

 Avec le numéro 1932, je cherche Éric sur la droite. Les numéros sont croissants, mais parfois c'est désordonné. Il y a des départs de cyclistes et chacun doit trouver sa place entre coureur solo, ceux qui cherchent leurs accompagnants. Les cyclistes qui cherchent à revenir sur leur coureur. C'est une petite cacophonie dans lequel chacun finit par retrouver sa place.

 Soudain, j'entends Éric et Patrice. J'ai le visu sur Éric, ça fait du bien de voir mon suiveur. Je ne me soucie pas de lui et après un petit moment je l'entends derrière moi me demander si ça va à son retour. "Tout va bien, je te laisse mes manchons" Il fait beau et un peu chaud, c'est quand même mieux que le week-end pluie prévue.

Le circuit sillonne d'un côté du Tarn. Les paysages sont superbes avec ce soleil. On a parfois des falaises sur le haut des montagnes et l'on peut aussi y voir par endroit les sculptures de l'érosion qui ont donné d'étonnantes formes rocheuses, comme à côté sur le chaos de Montpellier le vieux ; qui est un passage de la grande course des Templiers. Cette région est une grande terre pour les coureurs et traileurs. C'est à chaque fois des grands moments que j'ai pu vivre ici. Les deux épreuves cumulées, je fais ma 6ème participation.

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 Le dixième km s'affiche, je ne regarderai pas mon montre pour voir mon temps, ni mon tempo et ne le ferai pas. Il n'y a que mes sensations qui priment. Mon allure est en moi, naturelle. La seule interrogation que je peux avoir est, est-ce une ancienne allure habituelle ou une allure qui est vraiment la bonne. Pas de prise de tête, c'est l'aisance et le plaisir de courir qui font. 

 Éric me demande si ça va, je lui réponds à chaque fois oui. C'est ça première expérience et au bout de 20 km, il a vraiment su quoi faire,

 Se positionner, s'arrêter dans les bons moments et répondre présent à mes sollicitations qui sont arrivées à partir du 27 ème km. Je lui ai demandé de prendre une bouteille d'eau, car j'avais un peu soif entre les ravitaillements avec la chaleur. Je n'avais pas pris de liquide, ni solide sur le vélo, les ravitaillements étant bien fourni.

 Ses ravitaillements étaient souvent placés tous les cinq kms, au gré des villages traversés. Ma consommation était principalement un verre d'eau, coca, eau gazeuse et une pâte de fruit.

 Vers le 25 ème km, on passe de l'autre côté du Tarn, on monte, ça serpente. C'est vraiment charmant, notamment au passage des murs de vieilles pierres. Dans une côte devant moi, je vois devant moi un homme plein de courage avançant péniblement sur son fauteuil roulant. Que c'est beau cet engagement qu'il met à l'effort. Je ne peux que l'applaudir et l'encourager. Et les coureurs suivant en feront de même. 

 Passage au Rozier, Peyrello, le public est là et encourage. C'est un très beau village où l'on passe aussi sur les templiers. Il n'y a que des grands moments de coureurs, à traverser ses pavés et vieilles pierres bordées de nature.

 Patrice appel régulièrement Éric au téléphone pour prendre des nouvelles et en donner.

 Boris n'avait pas l'air au top au début, il est lancé maintenant. Il y a un écart entre nous mais il peut revenir. Je fais ma course sans me soucier de cet écart, en espérant que tout aille bien pour lui et les autres.

 Comme je remonte toujours pratiquement tous les coureurs. Ça étonne un peu Éric. Je lui réponds que je suis dans mon tempo.

Je vais retrouver assez souvent les mêmes coureurs qui courent un peu plus vite sur l'endroit où je suis. La différence sera que je m'arrêterai pour boire à la bouteille qu'Éric m'aura tendu, c'est là qu'il aura été bien bénéfique. Et ensuite je les reprenais.

J'ai fait le yoyo comme ça avec un jeune et grand rugbymen et un coureur qui avait la même paire de chaussures que moi. Des Hoka Carbone X3. C'était la deuxième fois que je les mettais. Elles ont bien assurées, confortable, légère et enclin à la propulsion. J'y avais inséré mes nouvelles semelles et je n'ai eu aucun problème de tendinite.

 Il y a beaucoup plus de côte sur la deuxième partie de la première boucle, les paysages sont superbes, il fait beau. J'ai le plaisir de retrouver une foulée plus ample et constante que sur trail, avec des appuis francs, de l'impact au sol et une certaine forme de rebond. C'est un bon retour à la route qui me change.

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 Après la Cresse, le rythme restera toujours le même jusqu'au passage du marathon, qui clôture la première boucle en passant par la ligne d'arrivée dans le parc de la Victoire.

 Dans les rues de Millau, à l'approche du marathon, le doute s'installe un peu sur mes capacités à faire 100 km, au vue du peu d'entraînement fait. Pas trop envie de rester à dessécher, si ça ne va pas, à plusieurs dizaines de kilomètres de Millau.

 Mais après le passage de l'arche d'arrivée du marathon, au ravitaillement, dans le grand hall. Je trouve la personne qui mène l'allure sur 10h. C'est une femme et c'est très bien. Elle est accompagnée seulement de deux coureurs. Ce qui change des meneurs d'allure sur grand marathon où l'on a l'impression d'être dans un essaim d’abeilles !

 Pris dans la dynamique, la question d'arrêter là, n'est pas venu m'effleurer. Trop content de retrouver les spectateurs, les coureurs, Éric, de passer sous le viaduc et de pouvoir courir avec cette ambiance.

 Avant de quitter Millau et d'enjamber le Tarn. Je croise les coureurs qui vont finir leurs distances marathon. Ce sont des personnes que j'ai doublé, avec qui j'ai couru. C'est bien de voir leurs visages en face. Il y a déjà des petits gestes, sourires ou encouragements à se croiser. C'est la grande famille du fond !

 J'espère que ça va bien pour chacun en les imaginant près de cette ligne du marathon avec l'ambiance. Boris, Lisa, Pascal et Myriam et des suiveurs vélo Patrice et Fabrice.

 Une fois le Tarn traversé, je retrouve sur le côté droit de la route, la piste cyclable qui va nous emmener sur la route montant au viaduc. Je la connais bien. Le petit groupe meneur d'allure est derrière, je conserve mon tempo cardio. Ravitaillement dans le virage près de l'église de Creyssel, que je retrouverai à l'amorce du final; car la deuxième boucle est en aller-retour Millau / St Afrique.

 Pour changer un peu, sur ce ravitaillement, je vais prendre une petite tranche de sandwich jambon.

 La sortie de ville débouche sur le début de côte menant au passage sous le viaduc.

Il est majestueux et une couleur très noir et récente de bitume va nous mener à son passage ascension. C'est la première difficulté réelle. Je monte à mon rythme, les kilomètres accomplis sont présents dans les jambes, mais ça va. Il n'y a que le fait de m'arrêter boire qui perturbe momentanément le tempo. 

 Tout va bien quand, soudain, surgit des crampes aux quadri. Arrêt sur le bord de la route, étirements, ravitaillement. Je repars tranquillement pour retrouver mon rythme un peu plus tard. 

 Dans les premiers hectomètres de la descente après le viaduc, sur le bas-côté de la route. Je fais une belle chute, sur une portion où la moyenne est plus rapide, en tapant le pied sur une malformation de bitume proéminente. Le bitume étant d'une couleur uniforme et récente, je ne l'ai pas vu. J'ai le genou gauche et la main droite ensanglanté. Pas grand-chose à faire, hormis repartir. On verra ça plus tard, car il n'y a pas de secours aux alentours. Ce sera ligne d'arrivée franchie.

 St Georges de Luzançon, je retrouve le ravitaillement atypique du village. Il est situé dans une cour d'école. On quitte la route pour passer un portillon afin de retrouver les chaleureux bénévoles. Et ensuite c'est reparti en direction du monument de cette épreuve, la côte de Tiergues. Que l'on aura à monter sur l'aller et le retour. 

 Elle est longue et dans sa moitié Éric et moi avons pu voir le premier de l'épreuve, bien entouré de vélo. Nous l'avons, bien sûr, encouragé. Il était nettement détaché avec plusieurs minutes d'avance sur le second, qui lui aussi était nettement détaché.

 À partir de là, c'est la magie d'une participation sur Millau. On croise les coureurs qui sont sur le retour avant que nous même en fassions autant.

 Il y a souvent un regard, un encouragement, un geste. Il y a avant tout un respect mutuel de la performance de chacun. C'est un bel état d'esprit auquel les suiveurs à vélo participent aussi pleinement.

 Plus les ascensions sont longues et pentues, plus c'est difficile pour les suiveurs à vélo. Il n'est pas rare que certains coureurs de tout niveau aient semés leurs suiveurs dans ses ascensions, car il est difficile de conserver une vitesse constante sur autant de temps.

 Dans cette ascension, je finis par parvenir à la hauteur d'une féminine porte bannière. C'est la seule que j'ai vue et elle envoie bien. 

 Mais soudain les crampes ont fait leurs retours. Elles sont assez violentes. Eric m'étire la jambe, pendant que le quadriceps hyper tendu me tord de douleur momentanément. Un coureur, à cette vue, c'est arrêté pour me proposer du sportéine. Avec mes dizaines d'années de pratique, je n'avais pas pris ce type de produit sur moi et j'étais bien content mentalement que ce coureur ait eu cette grâce envers moi. 

 Un peu d'eau et c'est reparti. Mais l'atteinte musculaire est plus profonde. Je ne peux pas recourir sur un rythme inférieur. Si j'insiste, ça va recommencer. Le chemin est encore long, au moins 30 km. Il faut se ménager pour finir. Je prends la décision de marcher. Je sais qu'il y a une bonne distance à faire, qu'il y aura aussi 2 autres ascensions. Que la performance s'arrête ici. Mais comme je ne me laisse pas faire face à l'adversité, je fais de la marche rapide et quand je peux sur un pourcentage moindre, je relance. Eric suit calmement en parfait assistant, j'aimerais bien lui offrir l'allure fluide que j'avais, mais ça lui fait aussi une bonne expérience

 Arrivée aux abords de Tiergues, la course est reprise. On croise un peu plus de coureurs sur le retour. Dans la descente menant à St Afrique, je me laisse glisser, je peux bien allonger la foulée. Je rattrape une partie des personnes qui m'ont dépassées. Je croise surtout les coureurs venant de quitter St Afrique, dans leurs ascensions. La majorité court. On peut voir leur rapport à l'effort. Certains grimpent assez facilement, d'autres marchent. On s'encourage. Il y a un véritable échange. C'est un sentiment unique d'être spectateur et acteur, dans la même course sur un effort opposé et pouvoir faire partager cela avec son suiveur qui est lui aussi acteur et spectateur.

 Une petite boucle dans les rues de St Afrique nous conduit à l'extrémité de cette dernière boucle et son ravitaillement sur une grande bâtisse.

 Puis c'est le retour avec un pourcentage plus élevé de ce côté sur la fameuse côte de Tiergues. La marche active est de rigueur, j'essaie de ne pas trop me faire distancer comme cela car je sais que les crampes reviendront autrement.

 Je me fais dépasser par une féminine de l'AJ Auxerre, je suis assez proche de cœur de ce club. J'ai partagé avec et vue ensuite l'auxerroise Brigitte Becq réaliser le record féminin de l'épreuve sur cette ascension. Encouragements obligés pour cette féminine. 

 Le pourcentage étant moins élevé, j'ai fait des relances course marche pour revenir dessus.

 J'ai croisé beaucoup de monde dans cette ascension, mais dans la descente suivant, comme je pouvais bien courir et que la vitesse était nettement supérieure. J'ai eu l'impression de découvrir énormément de monde face à moi. Dans l'aisance, c'était chouette de pouvoir dérouler sur cette route sinueuse en forêt et de pouvoir répondre aux différents encouragements venant d'en face. On est certes devant eux, mais on ne peut qu'être humble, respectueux et admiratif de l'effort des personnes que l'on a face à soi. Et il y en a. Humilité et respect, c'est un terme qui va bien à Myriam. Je la cherche du regard dans cette descente en espérant la croisée. Je sais qu'elle est en course car elle est trop forte pour s'arrêter en chemin. Je n'ai pas croisé Boris, mais sait qu'il est en course.

 Finalement c'est à St Rome de Cernon, en ville, dans un virage à l'opposé de moi que j'entendrai un chaleureux «allez Christophe » sortir derrière des véhicules en stationnement.

Je tourne immédiatement la tête pour y voir Fabrice sur son vélo, suivi des couleurs communes portées par Myriam qui lève haut le bras pour nous saluer.

Que ça fait plaisir de les voir, quel courage, que c'est beau cet engagement et volonté.

 Plus loin, je retrouve le suiveur à vélo de Jérôme qui me dit qu'il n'est pas très loin. Je suis très étonné, surtout vu ce que j'ai marché.

Deux, trois kilomètres après j'aperçois Jérôme, sa femme et son suiveur l'entourant à vélo sur ses foulées. À sa hauteur, il me dit qu'il n'arrivera pas à suivre mon allure, on échange un peu et je continue ensuite devant.

 Mais arrivée au retour de la côte du viaduc, c'est reparti. Les crampes étant proche, je ne peux que marcher activement. Il reste une dizaine de kilomètres. Tout le monde sait qu'il faut y aller. Dans cette ascension, nous croisons encore des personnes qui n'en sont qu'à l'aller. Je me dis que la nuit sera longue pour eux et qu'heureusement Myriam est bien loin de là. 

 Vers la première moitié de cette ascension, je vois revenir Jérôme qui me passe facilement. En me disant, je ne me suis pas autant entraîné en côte pour ne pas courir sur celle-là.

 Sacré Jérôme, je savais qu'il ne se laisserait pas faire comme ça. Il faisait plaisir à voir dans son engagement et je n'ai vu personne le doubler ensuite. 

 J'ai essayé de maintenir une marche élevée car l'idée de se faire bien distancer aussi proche de l'arrivée, bah ça ne le fait pas trop !

Je savais qu'il allait tout donner pour distancer et que j'allais envoyer dans la descente pour me rapprocher et qu'il y avait une possibilité sur le plat de finir ensemble, si possible.

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 Il a pris une forte avance dans cette ascension. Je ne reviendrai pas dessus dans la descente. Ni en traversant Millau de nuit maintenant. Je profite des derniers moments de course, des applaudissements, de la ville. C'est très sympa et quelques peux libérateur.

 J'ai deux personnes devant moi, l'allure est un peu plus rapide pour le final. J'en passe un et comme j'ai le sentiment de ne pas avoir fait une course exceptionnelle, je n'ai pas cherché plus loin. 

 Je laisse Éric avant de m'engouffrer dans le hall où est jugée l'arrivée. Je découvre cette ligne devant moi Jérôme qui vient juste d'en terminer.

Dommage qu'avec la nuit, je n'ai pu voir qu'il était aussi proche. Ça m'aurait plus de finir main dans la main cette édition d'anthologie. Mais très vite la satisfaction d'être au même endroit, même moment est là et l'on a pu immortaliser ce moment.

 Un coup d’œil au chrono officiel : 10h33’ Trop content de finir dans ce temps 2 mois après ultra-trail et avec si peu de spécifique

 

 Un grand merci à Eric qui a magistralement pris son rôle d'accompagnant à cœur

Félicitations à Lisa, Myriam, Pascal et Boris. Tous finishers ! Bravo à Patrice et Fabrice.

Merci pour ses bons moments passés ensemble.

 

  Christophe

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